LizéDuchamp
Eclosion par Bertrand Carette, ecrivain
Auteur de ``En blanc et noir``
http://www.monpetitediteur.com/librairie/livre.php?produit=23
- Comment veux tu que je mette des mots sur une
musique pareille ? Elle est certainement la plus
grande pianiste que j’ai jamais entendue depuis mes
premières gammes.
- Débrouille-toi, mets tes doigts sur le clavier, et joue,
la musique viendra.
- Mais je ne la connais pas, du moins pas
personnellement, je lui ai juste envoyé mon roman
pour lui témoigner toute mon admiration après son
concert pour l’inauguration de la nouvelle salle Pleyel.
Tu penses qu’elle a certainement autre chose à faire
que de recevoir l’auteur de ces élucubrations, toutes
pianistiques fussent-elles.
- Eh bien tu verras. Soit elle est vraiment grande,
soit elle est juste grande. Tu n’as qu’à lui dire que
ton ami Nicolas veut faire Carnegie avec elle. Tu
l’appelles, ou tu lui écris de ta plume de virtuose,
tu la cliques sur Facebook, tu te débrouilles. Et tu
me rappelles.
Et clac, il raccroche et me laisse là en plan !
J’entends la musique de mission impossible dans
mon oreille interne, je prends mon trac à deux
mains, et je me lance sur Facebook à l’assaut de
son profil. Direct, clair, sans ambages et sans
talent je tape sur mon clavier :
- Bonjour Delphine, je vais à Hambourg les 12 et 13 décembre. J'y reste le
14 et le 15, j'aurais aimé vous rencontrer
autour d'une tasse de café et vous parler d'un
grand ami, selon moi l'un des meilleurs
flutistes au monde, qui souhaiterait vous
proposer quelques concerts aux Etats-Unis où il
réside actuellement, notamment au
Carnegie à New York. Si vous aviez une
demi-heure à m'accorder nous pourrions en
parler. Loin de moi l'idée de vous déranger,
bien au contraire. Je serai à l’Hotel Wagner.
Bonne journée.
Et elle de répondre du tac au trac:
Bonjour Bertrand!
J’ai enfin lu votre roman. Je serai ravie de vous
rencontrer, on peut prendre un café le vendredi
13(!) en fin d'après-midi ou en soirée si vous avez
le temps. A bientôt, Delphine.
Vendredi 13, jour de chance. Le café se change en
dîner, nous parlons jusqu’au bout de la nuit, de tout,
de piano bien sûr, un tout petit peu d’elle sous le
forcing de mes questions, de la vie, de la chance, du
hasard, du malheur sans lequel le bonheur n’existerait
pas. Je suis en face d’une immense artiste, jolie
comme un coeur, les yeux rieurs, l’intelligence
fulgurante mais surtout bienveillante, je ne touche pas
à mon assiette, je ne veux pas perdre une miette de
cet instant magique, ce sont mes oreilles que je nourris
d’un mets des plus délicats, mes papilles peuvent
attendre. Delphine Lizé est en train de devenir mon
amie. Probablement le plus beau Vendredi 13 de ma
vie.
- Tu sais Bertrand, j’avais arrêté les concerts. Mais je
veux bien jouer avec ton ami Nicolas. Tu nous
arranges ça ?
- Allo Nicolas, tu sais quoi ? Elle est vraiment
grande…
Voilà vous savez presque tout. Ils sont à l’image de
leur musique. Entiers, simples, dépouillés de toute
superficialité. Ils se sont rencontrés et ce soir,
personne ne sait ce qu’il va se passer. Et surtout pas
eux. Ce soir, au beau milieu d’un mois de Mai, au
lendemain d’un vendredi 13, vous allez sans doute
assister en live, à l’éclosion d’un duo surprenant,
incomparable. Nous ne sommes pas au Carnegie
Hall, nous sommes à Belle-Ile en mer. C’est mieux.
C’est en France. Un point de passage entre deux
continents. Un autre monde.
Ce soir, les vagues de l’océan viendront cueillir sur le
rivage leurs émotions nues, leur quête de musique
absolue, et peut-être aussi, nos larmes de joie.
Ouvrez votre âme, lâchez tout, le sublime est là.
Chut ! Maintenant, je me tais.
Le silence aussi est une note de musique.
Eclosion par Bertrand Carette, ecrivain
Auteur de ``En blanc et noir``
http://www.monpetitediteur.com/librairie/livre.php?produit=23
- Comment veux tu que je mette des mots sur une
musique pareille ? Elle est certainement la plus
grande pianiste que j’ai jamais entendue depuis mes
premières gammes.
- Débrouille-toi, mets tes doigts sur le clavier, et joue,
la musique viendra.
- Mais je ne la connais pas, du moins pas
personnellement, je lui ai juste envoyé mon roman
pour lui témoigner toute mon admiration après son
concert pour l’inauguration de la nouvelle salle Pleyel.
Tu penses qu’elle a certainement autre chose à faire
que de recevoir l’auteur de ces élucubrations, toutes
pianistiques fussent-elles.
- Eh bien tu verras. Soit elle est vraiment grande,
soit elle est juste grande. Tu n’as qu’à lui dire que
ton ami Nicolas veut faire Carnegie avec elle. Tu
l’appelles, ou tu lui écris de ta plume de virtuose,
tu la cliques sur Facebook, tu te débrouilles. Et tu
me rappelles.
Et clac, il raccroche et me laisse là en plan !
J’entends la musique de mission impossible dans
mon oreille interne, je prends mon trac à deux
mains, et je me lance sur Facebook à l’assaut de
son profil. Direct, clair, sans ambages et sans
talent je tape sur mon clavier :
- Bonjour Delphine, je vais à Hambourg les 12 et 13 décembre. J'y reste le
14 et le 15, j'aurais aimé vous rencontrer
autour d'une tasse de café et vous parler d'un
grand ami, selon moi l'un des meilleurs
flutistes au monde, qui souhaiterait vous
proposer quelques concerts aux Etats-Unis où il
réside actuellement, notamment au
Carnegie à New York. Si vous aviez une
demi-heure à m'accorder nous pourrions en
parler. Loin de moi l'idée de vous déranger,
bien au contraire. Je serai à l’Hotel Wagner.
Bonne journée.
Et elle de répondre du tac au trac:
Bonjour Bertrand!
J’ai enfin lu votre roman. Je serai ravie de vous
rencontrer, on peut prendre un café le vendredi
13(!) en fin d'après-midi ou en soirée si vous avez
le temps. A bientôt, Delphine.
Vendredi 13, jour de chance. Le café se change en
dîner, nous parlons jusqu’au bout de la nuit, de tout,
de piano bien sûr, un tout petit peu d’elle sous le
forcing de mes questions, de la vie, de la chance, du
hasard, du malheur sans lequel le bonheur n’existerait
pas. Je suis en face d’une immense artiste, jolie
comme un coeur, les yeux rieurs, l’intelligence
fulgurante mais surtout bienveillante, je ne touche pas
à mon assiette, je ne veux pas perdre une miette de
cet instant magique, ce sont mes oreilles que je nourris
d’un mets des plus délicats, mes papilles peuvent
attendre. Delphine Lizé est en train de devenir mon
amie. Probablement le plus beau Vendredi 13 de ma
vie.
- Tu sais Bertrand, j’avais arrêté les concerts. Mais je
veux bien jouer avec ton ami Nicolas. Tu nous
arranges ça ?
- Allo Nicolas, tu sais quoi ? Elle est vraiment
grande…
Voilà vous savez presque tout. Ils sont à l’image de
leur musique. Entiers, simples, dépouillés de toute
superficialité. Ils se sont rencontrés et ce soir,
personne ne sait ce qu’il va se passer. Et surtout pas
eux. Ce soir, au beau milieu d’un mois de Mai, au
lendemain d’un vendredi 13, vous allez sans doute
assister en live, à l’éclosion d’un duo surprenant,
incomparable. Nous ne sommes pas au Carnegie
Hall, nous sommes à Belle-Ile en mer. C’est mieux.
C’est en France. Un point de passage entre deux
continents. Un autre monde.
Ce soir, les vagues de l’océan viendront cueillir sur le
rivage leurs émotions nues, leur quête de musique
absolue, et peut-être aussi, nos larmes de joie.
Ouvrez votre âme, lâchez tout, le sublime est là.
Chut ! Maintenant, je me tais.
Le silence aussi est une note de musique.